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AGENT ORANGE/DIOXINE

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Des centaines de milliers de victimes de l'Agent Orange/Dioxine utilisé par l'armée américaine pendant la guerre du Vietnam, leurs familles et leur descendance, dont beaucoup survivent en marge de la société dans des conditions extrêmement difficiles, un peu plus de 50 ans après les premiers épandages, ont cruellement besoin d'aide !

Qu’est-ce que l’Agent Orange ?

Épandage par hélicoptère

Photo : Alexis Duclos / Mme la professeur Nguyen Thi Ngoc Phuong, 3 infirmières et

le groupe d’enfants handicapés, victimes de l’Agent Orange,

qui vivent à la maternité

crédit photo : Mme Nguyen Van Mâu

sommaire


1- 9èmes assises de la coopération décentralisée franco-vietnamienne Brest des 9-12 juin 2013 / Communication du GES


2- L’Agent Orange et la guerre du Vietnam


3- Au Vietnam, l’« agent orange » tue encore par Francis Gendreau


4- Une guerre chimique sans fin : l’Agent orange au Vietnam par M.H.Lavallard


5- Quelques réflexions sur la guerre du Viêt Nam par Alain Ruscio


1- 9èmes assises de la coopération décentralisée franco-vietnamienne de Brest - 9 au 12 juin 2013


Communication du GES Groupe informel de personnes et dʼassociations pour alerter lʼopinion sur les effets catastrophiques de lʼAgent Orange/dioxine au Viêt Nam


Groupe Euro Symbolique 1 Louis Reymondon, Dac Nhu-Mai, Pierric Le Neveu et Tran Thi Hien


Ecocide au Vietnam


Dans le cadre des 2 ateliers concernant le développement durable, il est fondamental de rappeler l'impact de la dioxine sur l'environnement et la santé humaine au Vietnam. Quoi de plus “insoutenable” en effet, au présent et au futur, que les conséquences des épandages criminels d’Agent orange/dioxine, première guerre chimique d’envergure de l’Histoire ? Le principe du pollueur-payeur réclame aux Etats-Unis prise de conscience, réparations et mesures de prévention.


Les faits


De 1961 à 1971, l'aviation américain a déversé plus de 14 millions de tonnes de bombes et de munitions de tous types (une puissance totale destructrice bien pire que celle des bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki !) Aujourd'hui, 40 ans après la fin de la guerre du Vietnam, tous les engins non explosés continuent de tuer au quotidien la population vietnamienne, en particulier des agriculteurs pauvres, les minorités vivant dans les zones montagneuses et des enfants ignorant leur danger. Quant aux épandages d’Agent orange/dioxine, ils représentent aujourd’hui une catastrophe humanitaire et un véritable “écocide” : Le nombre actuel des victimes est considérable, probablement de l'ordre de plusieurs centaines de milliers, voire plus.


1 A l’initiative de VietnAmitié et de plusieurs associations partenaires, réunies au Centre Culturel du Viet Nam à Paris, un "Groupe de l'Euro symbolique" -GES- s'est formé pour activer une campagne d’éveil de l’opinion face à ce drame méconnu : des centaines de milliers de vietnamiens subissent encore les effroyables effets de la guerre chimique.


L'agent orange/dioxine


Pendant la décennie 60, des aspersions massives et répétées de différents types d'herbicides par l'aviation américaine ont visé à détruire les forêts et les cultures du Vietnam dans les zones de guerre et à atteindre trois objectifs: (1) priver les combattants (Viet Cong) de couverture forestière et les affamer (2) priver les populations de récoltes et empêcher l’approvisionnement en vivres et le soutien logistique des combattants (3) obliger les paysans à se regrouper dans les zones contrôlées par les américains (villes, hameaux stratégiques, camps de concentration) et, de ce fait, devenir de nouvelles recrues pour l'armée sud vietnamienne (ARVN).


D’après les relevés de l’armée américaine, pas moins de 83 millions de litres d’Agent orange (ou assimilés), chargées du plus toxique des produits chimiques connus, la dioxine, ont été directement pulvérisés sur 25% de la surface du Vietnam du Sud et le nombre des personnes exposées, réparties en plus de 20.000 villages, est estimé entre 2,1 à 4,8 millions.


L'impact à long terme de la dioxine sur l’organisme humain et l'environnement


L'effet pathogène de la dioxine n'est pas immédiat. L’Agent orange/dioxine est véhiculé par l'air, par le sol et par l’eau et l'impact sur les victimes est progressif. Il a un effet à long terme sur l’organisme humain, endommage le système immunitaire, le système endocrinien et le système reproducteur. Des atteintes au génome transmettent-elles les tares aux enfants à naître ? Est-ce le lait maternel ? On observe encore de nombreux cas jusqu’à la troisième génération.


Visant à anéantir la végétation des espaces ciblés, l'Agent orange/dioxine a détruit ou modifié l'équilibre des nutriments, du cycle de l’eau, de la flore, de la faune et du climat du Vietnam. Et c'est maintenant que se définit l'écocide 2. L'Agent orange/dioxine, en détruisant et en dégradant les écosystèmes naturels et la biodiversité, a provoqué la stagnation de l'économie rurale au Vietnam. Il conduit de fait à la pauvreté et à ses pathologies secondaires, à la malnutrition et aux catastrophes socio-économiques.


Actions de l'Association Vietnamienne pour les victimes de l'Agent orange/dioxine VAVA


Trois millions de victimes regroupées au sein de VAVA (The Vietnam Association for Victims of Agent Orange/Dioxin) 3 ont présenté aux États-Unis, le 31 janvier 2004, un recours collectif contre 37 fabricants d'herbicides (particulièrement Dow Chemical et Monsanto) pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, ceux-ci ayant livré ces produits toxiques en toute connaissance de cause. Le 10 mars 2004, à New York, la Cour de justice américaine a refusé de se saisir de la plainte car le juge a considéré que l'agent orange n'était pas un poison au regard du droit international et qu’il n'y avait pas d'interdiction d'utiliser un herbicide. VAVA a déposé un recours et son dossier d'arguments le 30 octobre 2005. Mais la Cour Suprême des Etats-Unis a exonéré les firmes de toute poursuite Le Gouvernement américain, pour sa part, dénie toute culpabilité, s’estimant en légitime défense du Monde occidental dans cette région.


Le Tribunal d’opinion de l'Association Internationale des Juristes Démocrates (AIJD) siégeant à Paris les 15 et 16 mai 2009


Le "Tribunal International de conscience des peuples”, institué au soutien des victimes vietnamiennes de l'Agent Orange et composé de juges internationaux connus, s’est tenu à Paris, France, les 15-16 mai 2009. Il a décidé que "Le temps est venu d'accorder une réparation adéquate aux victimes vietnamiennes de l'Agent orange/dioxine et à leurs familles et à réparer autant que possible l'environnement du Vietnam. "


2 Nguyen Dac Nhu-Mai: Impact of Ecocide in Vietnam (Impact de l'écocide au Vietnam) in Towards a sustainable Ecology- Global challenges and local responses in Africa and Asia. 55 Years after The Bandung Asian-African Conference 1955. Editors Darwis Khudori and Yukio Kamino, Indonesia 2013 p.45-53


3 Voir intervention de VAVA au Forum Mondial Social de Tunis 26-30/03/ 2013. VAVA : 35 rue Hô Me Tri, P.Nhan Chinh, Q.Thanh Xuân- Hanoi Vietnam - Tel 04.62.652.660 - Fax:04.62.652.643courriel: vava@vava.org.vn; site :www.vava.org.vn


Actuellement


Il subsiste 28 points chauds à décontaminer et 3 millions de victimes atteintes de graves maladies ou infirmités. Les Etats-Unis 4 se déclarant pourtant “sensibles aux conséquences regrettables”, ont commencé d’aider, “à titre humanitaire”, à la décontamination des stockages abandonnés de l'Agent orange/dioxine au Vietnam. Des travaux ont commencé à l'aéroport de Dà Nang le jeudi 9 août 2012. C'est l'un des trois sites les plus contaminés du Vietnam avec des concentrations toxiques 400 fois supérieures aux normes acceptables, selon de récentes études. Le deuxième site important est la base de Bien Hoà. Mais l’opération, étalée jusqu'en 2016, n’est pas encore significative.


A ce jour les victimes vietnamiennes n’ont reçu aucun soutien ni dédommagement des Etats-Unis. La lutte pour le droit de vivre des victimes continue par la mobilisation nationale et internationale 5.


 

Les dioxines et leurs effets sur la santé - O.M.S.

http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs225/fr/



2- L’Agent Orange et la guerre du Vietnam.


De 1962 à 1971, on estime que 80 millions de litres de défoliant ont été déversés sur 3.3 millions d’hectares de forêts et de terres. Des milliers de villages ont été contaminés et 60% des défoliants utilisés étaient de l’Agent Orange, représentant l’équivalent de quatre cents kilos de dioxine pure...


En 2005, l’hôpital Tu Du a recensé 800 cas d’enfants nés avec des malformations, ce qui est largement supérieur à la moyenne internationale. Aujourd’hui, d’après les autorités vietnamiennes 150.000 enfants souffrent de malformations supposément dûes la dioxine et 800.000 personnes sont malades.


Monsanto partenaire de l’armée américaine ; l’Agent Orange, désherbant ou arme chimique ?


Après les révélations sur la toxicité de la dioxine TCDD émise lors de la fabrication de l’herbicide 2,4,5-T, Monsanto ne remet pas en cause sa production et bien au contraire, elle entre en contact avec le Pentagone pour développer l’usage militaire de son herbicide … L’économie de guerre a toujours été une importante manne financière pour la poignée de firmes multinationales qui dominent le marché des produits chimiques. Les chercheurs de Monsanto entrevoient déjà les avantages de leur puissant herbicide en temps de guerre, car il permet l’éradication des cultures et donc d’affamer les armées et les populations ennemies.


Après des essais de l’herbicide réalisés en 1959 au Vietnam par l’armée américaine, celle-ci semble satisfaite puisque au bout de deux ans 90% des arbres et buissons ont été détruits sur les zones aspergées. Ces tests déclenchent le feu vert de l’ «  Opération Ranch Hand » qui commence officiellement le 13 janvier 1962. Dans un premier temps le but de l’opération est de dégager les routes, les voies d’eau et les frontières du Sud Vietnam pour tracer un no-man’s land face aux VietCongs, et dans un second temps de détruire les récoltes censées approvisionner les « rebelles ».


De 1962 à 1971, on estime que 80 millions de litres de défoliant ont été déversés sur 3.3 millions d’hectares de forêts et de terres. Des milliers de villages ont été contaminés et 60% des défoliants utilisés étaient de l’Agent Orange, représentant l’équivalent de quatre cents kilos de dioxine pure. Or, selon une études de l’université Columbia (New York) publiée en 2003, la dissolution de 80 grammes de dioxine dans un réseau d’eau potable pourrait éliminer une ville de 8 millions d’habitants [1]...


Monsanto connaissait les dangers de la dioxine présente dans l’Agent Orange.


L’épandage massif de l’Agent Orange affectera pour longtemps les populations civiles vietnamiennes mais aussi les soldats américains qui ont été tout autant exposés à la dioxine sans précaution. De plus, Monsanto a délibérément caché à l’armée que son désherbant 2,4,5-T en version militaire, ou Agent Orange, contenait une plus grande concentration de résidu de dioxine TCDD que la version agricole commune. Un document interne déclassé de la firme Dow Chemicals, datant du 22 février 1965, relate une réunion secrète des principaux fournisseurs de l’ « Agent Orange » dont Monsanto pour « discuter des problèmes toxicologiques causés par la présence de certaines impuretés hautement toxiques  » dans les échantillons de 2,4,5-T fournis à l’armée [2]. Dow voulait faire part d’une étude interne qui montrait que « des lapins exposés à la dioxine développaient de sévères lésions au foie.  » La question abordée par les fournisseurs de 2,4,5-T était de savoir s’il fallait prévenir le gouvernement de la toxicité de l’agent orange. Gerson Smoger, l’avocat de nombreux vétérans de la guerre du Vietnam, déclare que « La réunion a eu lieu dans le plus grand secret.[...] La question était de savoir s’il fallait informer le gouvernement. Ainsi que le prouve un courrier, dont j’ai également une copie, Monsanto reprocha à Dow de vouloir lever le secret. Et le secret fut gardé pendant au moins quatre années, celles où les épandages d’agent orange atteignirent un pic au Vietnam…  » [3]


Finalement en 1969, une étude rend publique la nocivité de l’herbicide 2,4,5-T, après que l’Institut National de la Santé américain eu révélé que des souris soumises à des doses importantes du désherbant développaient des malformations fœtales et mettaient au monde des bébés mort-nés. Le 15 avril 1970, le Secrétaire à l’Agriculture annonce une interdiction d’usage du 2,4,5-T en raison « du danger qu’il représente pour la santé ».


En 1971, l’armée interrompt l’opération Ranch Hand et l’épandage de l’Agent Orange, mais ses effets dévastateurs ont continué bien après, du fait de la persistance de la dioxine dans le sol, l’eau et la chaîne alimentaire et de son caractère bio-accumulateur. Le Vietnam estime que 150 000 enfants souffrent aujourd’hui de malformations dues à l’Agent Orange et que 800 000 personnes sont malades…


Les vétérans américains victimes de la dioxine.


En 1978, Paul Reutershan, un vétéran atteint d’un cancer de l’intestin, porte plainte contre les fabricants de l’Agent Orange, il sera vite rejoint par des milliers de vétérans du Vietnam atteint de divers symptômes, pour constituer la première "action de groupe" ou « class action  » jamais intenté contre Monsanto. Cette affaire sera révélatrice des méthodes de la firme de St Louis lorsqu’il s’agit d’affronter la justice.


Pour obtenir gain de cause les vétérans doivent prouver qu’ils ont bien été contaminés par la dioxine présente dans l’Agent Orange lors de la guerre du Vietnam, et que cette dioxine TCDD est bien à l’origine de leurs maladies. Or pour sa défense, Monsanto répondra que la « dioxine est omniprésente dans la population américaine, l’environnement et les aliments…  », ce qui est malheureusement vrai tant ce genre de pollution est répandue. Cependant les doses reçues par les vétérans sont bien supérieures aux doses que l’on peut ingérer dans un contexte normal, l’affaire n’est donc pas close.


Il faut ensuite prouver que la dioxine est un agent cancérigène par le biais d’études scientifiques qui doivent nécessairement porter sur le long terme, du fait du temps d’incubation du cancer. Monsanto possède ce genre d’étude depuis l’accident de Nitro en 1949, où plusieurs dizaines d’ouvriers furent exposés à la dioxine et qui furent suivis par le Dr Suskind. Pour prouver que la dioxine n’est pas cancérigène, Monsanto veut démontrer trente ans plus tard que les ouvriers exposés n’ont pas développé de pathologies particulières en comparaison à la population normale. C’est le Dr Roush, directeur médical de Monsanto, qui contrôlera le contenu des études de Monsanto publiées en 1980, 1983 et 1984. Comme l’on s’en doute les études de Monsanto concluront à l’absence de tout lien entre l’exposition au 2,4,5-T de l’Agent Orange et le cancer.


Les vétérans acceptent alors un règlement à l’amiable, et le 7 mai 1984 les fabricants de l’agent orange mettent sur la table 180 millions de dollars. Le juge ordonnera que 45.5% de la somme soit payée par Monsanto, en raison de la forte teneur en dioxine de son 2,4,5-T [4] C’est ainsi que 40000 vétérans recevront, selon les cas, une aide comprise entre 256 et 12800 dollars. L’affaire est close mais laisse un goût d’amertume dans la bouche des vétérans, qui doivent se contenter de dédommagements mineurs comparés aux frais de santé auxquels ils doivent faire face.


La population civile vietnamienne toujours victimes de la contamination du territoire par la dioxine.


Comme nous l’avons vu plus haut, dans la définition scientifique de la dioxine, celle-ci est un agent tératogène qui favorise les malformations du fœtus. Cette caractéristique a profondément marquée l’opinion publique après les révélations sur les taux hautement anormaux de mortalité prénatal et postnatal au Vietnam dus à des malformations rares et monstrueuses. C’est à Ho-Chi-Minh-Ville que l’on trouve la maternité de l’hôpital TU DU, la plus grande du pays. Les vietnamiens l’ont surnommé le «  musée de horreur de la dioxine ». Dans la maternité, se trouve un laboratoire qui conserve tous les fœtus « monstrueux  » dans du formol, on peut y voir des frères siamois partageant une seule tête disproportionnée, un tronc a deux têtes, des cas d’anencéphalie (absence de cerveau), de microcéphalie (petit cerveau), mais les mots scientifiques manquent pour décrire la plupart de ces anomalies génétiques.


La docteur Nguyen Thi Ngoc, aujourd’hui retraitée, s’occupe du « village de la paix  », installé dans l’hôpital, qui représente l’un des douze centres ouverts au Vietnam pour accueillir les enfants handicapés victimes de la dioxine de l’Agent Orange. Le docteur précise que la plupart des pensionnaires souffrent de problèmes neurologiques et d’anomalies organiques graves, certains sont alités car ils sont nés sans bras et sans jambes. D’après le docteur, les cas de malformations ont commencé à se multiplier depuis le milieu des années soixante, et continue encore aujourd’hui. En 2005, l’hôpital Tu Du a recensé 800 cas d’enfants nés avec des malformations, ce qui est largement supérieur à la moyenne internationale. Aujourd’hui, d’après les autorités vietnamiennes150.000 enfants souffrent de malformations supposément dûes la dioxine et 800.000 personnes sont malades.


Cependant, aucune responsabilité n’a encore été dégagée afin d’ouvrir des poursuites judiciaires et d’obtenir des dédommagements pour les victimes de la dioxine au Vietnam. Ces malformations ne sont tout simplement pas reconnues comme étant la conséquence d’une intoxication par la dioxine TCDD de l’agent orange. Pour l’heure, parmi les treize maladies reconnues par les États-Unis comme étant liées à la dioxine, une seule concerne une malformation congénitale. Un manque d’étude (« occidentales  ») sur le long terme est une des lacunes dans la possibilité d’ouvrir un procès contre les responsables américains. Une des rares études disponibles est celle du Dr Hoang Trong Quynh et du Dr Arnold Scheter parue en 2003 [5]. Elle rapporte l’analyse du taux de dioxine chez des habitants vivant dans le village de Bien Hoa proche d’une ancienne base américaine utilisée pour les missions d’épandages de l’Agent Orange. Les résultats ont montré des taux de dioxine élevés, supérieurs à 5 parties par milliard (ppt), avec des pointes allant jusqu’à 413 ppt, y compris chez de jeunes enfants. Le taux moyen enregistré de dioxine chez les habitants des pays occidentaux est de 2ppt. De plus, certains échantillons de sols ou de sédiments prélevés dans la région de Bien Hoa, ont révélé des concentrations de TCDD exceptionnelles, supérieures à un million de ppt… Cependant aucune étude internationale n’a encore été menée afin de prouver définitivement le lien entre les malformations et l’agent orange.


Le 20 mars 2005, l’administration Bush annonçait l’annulation d’un programme de recherche binational entre les États-Unis et le Vietnam, qui devait porter sur la population vietnamienne et principalement sur le lien entre l’exposition à la dioxine et les malformations congénitales. Cette décision unilatérale signifie le report de toute possibilité d’action judiciaire contre les fabricants de l’Agent Orange, dont Monsanto.


Combat Monsanto


[1] D’après les estimations de Jane Mager Stellman, «  The extent and patterns of usage of Agent Orange and other herbicides in Vietnam”, Nature, 17 avril 2003


[2] Le monde selon Monsanto, MM Robin, coédition La découverte/Arte Ed.,2008, p60


[3] Le monde selon Monsanto, MM Robin, coédition La découverte/Arte Ed.,2008, p60


[4] Peter SCHUK, Agent Orange on Trial. Mass Toxic Disasters in the Courts, Harvard University Press, Cambridge (Ma.), 1987, pp. 86-87 et 155-164. Monsanto a produit 29,5 % de l’agent orange utilisé au Vietnam, contre 28,6 % pour Dow Chemicals, mais certains de ses lots contenaient quarante-sept fois plus de dioxine que ceux de Dow.


[5] Arnold SCHEKTER, Hoang Trong QUYNH, Marian PAVUK, Olaf PÄPKE, Rainer MALISCH, John D. CONSTABLE, « Food as a source of dioxin exposure in the residents of Bien Hoa City, Vietnam  », Journal of Occupational and Environmental Medicine, vol. 45, n° 8, août 2003, p. 781-788.


Source : combat-monsanto.org



3- Au Vietnam, l’« agent orange » tue encore


Du 8 au 20 novembre 2004, durant leur offensive sur Fallouja, et malgré la présence de civils, les forces armées des Etats-Unis ont utilisé des bombes au phosphore blanc. Elles avaient déjà été mises en cause pour l’emploi d’armes à l’uranium appauvri, tant dans les deux guerres du Golfe qu’en Afghanistan, en Serbie et au Kosovo. Des méthodes susceptibles de causer des dégâts allant, à long terme, bien au-delà des effets recherchés dans l’immédiat. En témoigne la situation du Vietnam, victime d’épandages d’« agent orange » il y a plus de trente ans.


par Francis Gendreau, janvier 2006

 

Entre 1961 et 1971, l’armée américaine a procédé à des épandages massifs de défoliants sur le Vietnam. Il s’agissait de raser le couvert végétal pour empêcher l’adversaire de s’y camoufler, et de détruire les récoltes pour affamer les populations et les combattants. Ce second objectif était explicite : alors que « les opérations de guérilla dépendent étroitement des récoltes locales pour leur approvisionnement », « les agents antiplantes possèdent un haut potentiel offensif pour détruire ou limiter la production de nourriture ... ».

Ces défoliants comprenaient essentiellement de l’« agent orange » – lequel contenait de la dioxine, un produit chimique particulièrement toxique. La quantité de défoliants déversés a été réestimée en 2003 par une équipe de chercheurs américains à 77 millions de litres, et celle de la dioxine à près de 400 kg, un chiffre considérable. La superficie concernée atteint 2,6 millions d’hectares (ces surfaces ont été « traitées » en moyenne cinq fois, certaines zones ayant reçu jusqu’à dix épandages successifs). Cela représente 10 % de la superficie du Vietnam du Sud et 50 % des forêts de mangrove. Au total, entre 2,1 et 4,8 millions de personnes vivant dans 20 000 villages ont été directement affectées. A titre de comparaison, lors de l’accident de Seveso, quelques centaines de grammes de dioxine (probablement moins de 2 kg) se sont répandus pendant vingt minutes sur 1 800 hectares où vivaient 37 000 personnes.


Ce fut, à l’époque, une catastrophe sanitaire et environnementale pour le Vietnam ; cela en est encore une actuellement, car la dioxine, produit chimique très stable, ne se dégrade que lentement, et s’intègre dans la chaîne alimentaire. Ses effets persistent donc dans l’environnement et affectent les habitants des zones sinistrées. Depuis quelques années, les dirigeants vietnamiens, les autorités locales, les associations humanitaires et organisations non gouvernementales (ONG) intervenant sur le terrain – comme la Croix-Rouge vietnamienne – ont pris conscience de ce problème majeur de développement aux multiples facettes : humanitaire et sanitaire, socio-économique, environnementale, politique et juridique .



4- Une guerre chimique sans fin : l’Agent orange au Vietnam


Cet article, écrit par Marie-Hélène Lavallard qui est membre du Bureau de l’AAFV, est paru dans Recherches Internationales, N° 86, avril-juin 2009 [sorti en février 2010], 6 avenue Mathurin Moreau 75167 Paris Cedex 19


La guerre du Vietnam (1961-1975) est connue pour les bombardements massifs au Nord Vietnam. Plus insidieuse, d’abord ignorée du grand public, la guerre chimique livrée au Sud de 1961 à 1971 a entraîné des conséquences dramatiques qui durent encore. C’est un désastre environnemental immense et une catastrophe humaine multiforme : sanitaire, économique et socioculturelle. Le gouvernement américain et les firmes de produits chimiques impliquées éludent leurs responsabilités. Une conspiration du silence a caché pendant des années la toxicité des défoliants employés. Les responsables ont le front de la nier encore aujourd’hui. L’aide humanitaire est sans commune mesure avec les besoins. C’est au niveau des États que doivent s’organiser le soutien au Vietnam et l’exigence de justes réparations.


l'article complet : https://www.recherches-internationales.fr/RI86_pdf/RI86_LAVA_pdf.pdf - Au Vietnam, l’« agent orange » tue encore



5- Quelques réflexions sur la guerre du Viêt Nam


Sur la violence de la guerre du Viêt Nam


L’actualité est hélas remplie, saturée, de nouvelles du monde qui évoquent des conflits. Depuis plus de 40 ans, Israël occupe illégalement des territoires palestiniens. En Irak, en Afghanistan, l’Occident sûr de ses valeurs a porté le fer. En Lybie hier, en Syrie et au Mali en ce moment, de véritables guerres civiles – où là encore l’Occident joue un rôle – ont eu lieu, ou ont lieu.


Guerres cruelles, comme elles le sont toutes.


La guerre « américaine » du Viêt Nam, dans ces conditions, nous paraît bien éloignée. La mémoire humaine est ainsi faite que, un conflit chassant l’autre, elle apparaît « comme les autres ». Seule peut-être la filmographie américaine raconte encore, évidemment à sa façon, ce conflit.


Et pourtant, il ne faut pas, il ne faudrait pas oublier la spécificité de cette guerre, la plus longue et sans doute l’une des plus meurtrières du XXe siècle.


La plus longue : c’est en fait à septembre 1945 qu’il faudrait remonter. C’est à ce moment, donc immédiatement après la proclamation de l’indépendance du Viêt Nam par Ho Chi Minh, que l’armée française, pourtant envoyée par un gouvernement issu de la Résistance, débarque à Saigon, puis commence immédiatement la reconquête du delta du Mékong.


Saigon 1945 – Saigon (bientôt Ho Chi Minh-ville) 1975 : trente années, donc, de guerre. Certes, la phase « française » fut moins intense que la phase « américaine ». Certes, il y eut des accalmies, des moments de négociations. Mais aussi, à partir de 1965, avec une violence inimaginable, des pertes humaines dramatiques.


1965-1975 sera en effet la décennie terrifiante. Tout le « complexe militaro-industriel » américain est mobilisé. En tout, 3 millions de soldats américains sont envoyés sur le terrain, l’apogée étant atteint en 1968 (516.000 hommes). Cette élite de l’armée américaine pourra compter sur un immense potentiel de feu. L’aviation US larguera deux fois plus de bombes que la totalité de celles utilisée durant la Seconde guerre mondiale (7.800.000 tonnes contre 3.500.000, chiffres officiels américains). La seule RDV (160.000 km², moins du tiers de la France) recevra autant de bombes que tous les champs de combats du Pacifique de 1941 à 1945. Le Sud, le plus touché, recevra « une tonne de bombes à la minute pendant trois ans », selon l’image du Washington Post(avril 1972), dont 372.000 tonnes de napalm. Et que dire de l’utilisation systématique des défoliants et des armes chimiques ? On sait que c’est pendant cette guerre qu’a été formé le mot « écocide ». Que dire, encore, de la répression politique qui atteint des niveaux inimaginables, comme par exemple lors de l’Opération Phénix, véritable entreprise d’extermination physique des cadres révolutionnaires ? Un autre aspect est l’exportation du conflit vers le Laos, puis le Cambodge, qui avaient été relativement épargnés lors de la phase française...


Alain Ruscio


l'article complet : https://www.recherches-internationales.fr/RI95/RI95Ruscio.pdf


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